À mesure que fond la banquise, le garde-manger que des dieux
un peu dérangés avaient réservé aux ours polaires se vide. Car enfin, quelle
intelligence rationnelle et un peu sensible aurait imaginé de sacrifier des
bébés otarie à des monstres puants et même pas capables d’entretenir
correctement leur fourrure ? L’ours blanc n’est pas blanc. Il est jaune
sale, tel un clochard polaire qui s’oublierait régulièrement dans son manteau après
avoir ingurgité ses deux litres de Valstar. Il y a fort à parier pour que l’ours
blanc pue gravement du bec mais peu de gentlemen pourront en témoigner tant le
caractère épouvantable de l’animal le rend peu agréable à fréquenter. L’ours
polaire est donc paré de tous les défauts les plus outrageants à notre
délicatesse d’âme mais il se trouve quelques originaux pour s’émouvoir de sa
probable disparition dans quelques décennies.
Car l’ours blanc bouffe comme quatre. Incapable d’apprécier les mets raffinés ou de
tenir correctement sa fourchette en argent, le rustre bâfre dans les colonies
de phoques où il n’est pourtant pas le bienvenu. On ne saurait être plus
inconvenant que ce gros plantigrade malpropre qui s’invite sans vergogne chez
ses voisins. Certains ours blancs qui ont l’extrême grossièreté de s’accoupler
avec des grizzlis - ces derniers ne valant guère mieux - donnent naissance à des
hybrides appelés grolars. Le terme se passe de commentaires.
Il resterait 20 à 25 000 de ces inconvenantes créatures,
incapables de trouver un travail et d’assurer leur subsistance ailleurs que
dans leur trou paumé et glacé où pas un Rotary club n’a pu subsister. Pour
combler l’appétit de ces feignasses velues, des chercheurs envisagent de les
nourrir, les faisant ainsi passer du statut de malotrus dépenaillés à celui d’assistés
de la société. Il faudrait approvisionner ces grossiers personnages en viande
de phoque pour conserver le bien mince agrément
de leur compagnie sur cette terre.
En vérité mes amis, je m’insurge et je dis non. Qui paiera,
hein, je vous le demande un peu ? Toujours les mêmes. Vous verrez qu’on
nous demandera de travailler un jour de plus par an, au nom de la solidarité plantigrade.
Et pendant ce temps, ces beatniks du froid fumeront du haschisch en faisant des
flippers. Pas question, ne nous laissons pas faire. Car après eux, ce sera les guépards, puis les
pandas et pourquoi pas les hippopotames nains ? Non, nous n’accueillerons
pas toute la misère de la biodiversité du monde. Qu’ils se mettent au boulot au
lieu de dormir jusqu’à pas d’heure.
D’autant qu’une fois que nous aurons mis en place des
filières d’abattage de phoque avec l’argent du contribuable, que se
passera-t-il ? On retrouvera les bas morceaux dans les lasagnes surgelées
que leurs réseaux nous revendront pour blanchir leur trafic de poudreuse. Qu’ils
disparaissent jusqu’au dernier, les ours polaires, et leur blanc approximatif
avec eux.
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