vendredi 3 août 2012

Z comme zéro

Le mot zéro a été chipé aux Italiens qui l'empruntaient eux-mêmes aux Arabes. Même à des taux usuraires, un emprunt de zéro ne coûte pas grand-chose. Comme l'affaire était intéressante, nous avons tiré de cette racine décidément fort prolifique qu'était "sifr" un deuxième mot, à savoir "chiffre". Nos ancêtres avaient le génie de l'économie.
Par la suite, le zéro s'est avéré moins profitable qu'on n'aurait pu le croire de prime abord. Très récemment un professeur canadien en a fait la triste expérience. Mais gageons que le scientifique qu'il est nous fera prochainement profiter de ses conclusions, car la marche du progrès est inexorable même si, des fois, nous aurions toute légitimité à nous demander s'il ne s'est pas arrêté en route pour pique-niquer. Ce professeur de physique enseignait à des étudiants d'une école supérieure d'Edmonton ( à ce propos, vous me ferez le plaisir immense d'écouter, si vous ne les connaissez déjà, les géniaux The Rural Alberta Advantage et de vous esbaudir comme il se doit ) et a cru judicieux d'infliger un zéro à l'un de ses étudiants qui n'avait pas rendu son devoir. Or, le règlement de la sus-visée école interdisait le zéro. Parce que le zéro, c'est méchant et pas gentil et que ça fait de la peine aux étudiants mignons comme des bébés koalas. Là-dessus, le professeur a été suspendu (par les pieds ou les cheveux, l'histoire ne le dit pas) pour des raisons "complexes" que sa hiérarchie n'a pas voulu expliquer.
Ces Canadiens nous feront toujours rire (comme dirait Michael Moore sur le tournage de Canadian Bacon, un film injustement méconnu et hautement recommandable). De telles outrances ne sont guère possibles dans notre système éducatif forgé par les Jésuites, vous dites-vous. C'est oublier bien vite les méfaits de la télévision et des sucres rapides sur le potentiel intellectuel de l'homme moderne. Dans notre beau pays, les élèves de première S ont eu à passer cette année une épreuve anticipée d'histoire-géographie dont les résultats furent assez calamiteux au plan national et davantage dans l'académie de Toulouse. Et que croyez-vous que firent des parents bien inspirés ? Ils allèrent tout simplement se plaindre auprès du rectorat de l'injustice faite aux petits génies qu'ils ont engendrés et arguer des difficultés que lesdits futurs prix Nobel auront à intégrer les écoles après avoir raté leur épreuve.
Je rappelle que, dans ces deux affaires, les victimes sont ces êtres malodorants, bruyants et grossiers qui étalent, toute honte bue, leur inconsistance crasse et leurs goûts musicaux désastreux dans les transports en commun, submergent l'espace sonore de leurs ricanements hystériques dès que vous envisagez de poser votre séant sur une plage ou un banc public et vous polluent le cerveau avec les ondes de leur smartphone débilitant sous le fallacieux prétexte que leur boîte crânienne est aussi vide que le frigo d'une anorexique en plein régime. Je ne crois pas utile d'évoquer ici la contribution de ces bestioles malfaisantes au sein des forums et autres blogs dont certains ne méritent pourtant pas de tels outrages syntaxiques, sous le regard bienveillant d'une société pathétique où la médiocrité s'est érigée en vertu.
Quelquefois pourtant, il arrive que le système éducatif, ici ou là, piétine quelque peu l'arrogante nullité de ces abjectes créatures. Et il faudrait s'en émouvoir ?  Allons bonnes gens, c'est la crise, ne bradons pas notre indignation.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire